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Non loin du Mont Dore
du lac de Guéry aux humeurs changeantes
du village d'Orcival avec sa superbe église romane
les roches Tuilière et Sanadoire se font face au-dessus d'une vallée creusée par les glaciers ,et attirent chaque année beaucoup d'amoureux de ces paysages tumultueux , modelés par les volcans , burinés par les glaces , érodés par les vents et les pluies .
"Une vallée creusée , recreusée , toute croulante de têtes feuillues .Là , deux roches s'affrontent , la Tuilière , d'où l'on extrait des lauzes ou tuiles de lave , et la Sanadoire , la Sonnante , ainsi nommée pour les gémissements que la bise tire des fissures ." H. Pourrat .
Tuilière et Sanadoire appartiennent au massif volcanique de l'Arguilier , sous-ensemble des Monts Dore élevé entre 2,2 et 1,8 millions d'années .
Les magmas étaient tellement visqueux qu'ils n'ont pu se déverser latéralement hors des cratères.Ils se construisirent donc verticalement ,en une seule ou plusieurs venues , ici sous forme de dômes que l'érosion glaciaire entre autres , a puissamment déchiquetés .
A gauche , c'est la roche Tuilière (1296 m) ,avec ses colonnes prismatiques de trachyte disposées en gerbes rayonnantes . On y a exploité la lauze qui servait à couvrir les maisons , jusqu'au milieu du XXe siècle .
A droite , la Sanadoire (1288m )ainsi nommée ainsi parce que la phonolite dont elle se compose résonne quand on la frappe a , aussi extraordinaire que cela puisse paraître , porté jusqu'au XVe siècle une forteresse quasi imprenable !
Pendant la Guerre de Cent Ans , des pillards anglais en avaient fait leur repaire : vingt capitaines et trois cents hommes qui ravageaient tout le pays ; le duc de Bourbon , ancien compagnon de guerre de Du Guesclin entreprit le siège de la place et vint à bout de ces bandits, avec les seigneurs d'Auvergne , au terme d'un siège de trois semaines .Leur chef fut écartelé en place de Grève à Paris en 1386 ;la forteresse ne fut pas démantelée et pourtant il n'en reste rien de nos jours .Un tremblement de terre en 1478 (qui abattit entre autres le clocher d'Orcival ) semble en avoir eu définitivement raison ...
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Un soir de fin d'été ...
Là-haut , on n'entend que la voix d'un petit vent paisible qui chantonne et les notes plus graves des clarines et si on approche , on perçoit même le frottement régulier des mufles sur l'herbe sèche .
La fraîcheur qui descend éparpille de bonnes odeurs végétales .
Quelque oiseau solitaire écrit sur le ciel à l'encre sympathique un message urgent avant de se fondre dans un de ces nuages dans le duvet duquel on aimerait embarquer ...
Le jour se fane et tout à l'heure le char du soleil jettera son dernier éclat à l'horizon .
Qu'on est loin des pesanteurs citadines !
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A 8 km de Besse , au bout d'une petite route qui monte parmi les estives et les bosquets , sous un ciel immense , surgit un petit hameau de quelques bâtisses où une chapelle austère s'impose au regard .
Selon le Guide de l'Auvergne Mystérieuse (Tchou Ed ) il y aurait eu là , dans la nuit des temps , un sanctuaire dédié à la Vierge .Il aurait été ravagé dès avant la Guerre de 100 ans mais la statue de la Vierge y demeurait accrochée aux ruines et elle était l'objet d'une grande vénération .
Or il arriva qu'en 1557 un marchand de Besse qui passait par là joua les esprits forts et se moqua de la crédulité de l'assistance . Il perdit aussitôt la vue et ne guérit de la cécité qui l'avait frappé qu'après avoir fait amende honorable .
La nouvelle de ce miracle se répandit et il fut décidé de remercier et d'honorer la Vierge en abritant sa statue dans l'église de Besse .Ainsi fut fait , mais dès le lendemain , la statue avait disparu et était retournée dans sa montagne à 1300 m .Ce phénomène se reproduisit à plusieurs reprises et on opta donc pour un compromis :la statue ne passerait que trois mois d'été à Vassivière , et le reste du temps dans l'église de Besse .
Et de fait , chaque année ,le dimanche qui suit le 21 septembre , une procession parcourt les 8 km qui séparent Besse de Vassivière .La statue est portée à dos d'homme .C'est la fête religieuse et populaire de la Dévalade .Elle retourne sur son piédestal au fond d l'église et où des fidèles viennent allumer des cierges , qu'elle soit présente ou pas .
Le 2 juillet au matin , elle remonte à la chapelle de Vassivière .C'est la fête de la Montée .
Dans l'église de Besse est fournie une autre explication .Après avoir nié que la statue soit portée à Vassivière surtout dans le but de protéger les troupeaux qui redescendront eux aussi à la fin de l'été , on indique que la statue part ainsi , en mémoire de la Vierge Marie partant de la montagne de Judée pour visiter sa cousine Elisabeth .
Durant tout l'été , Vassivière " lieu de silence ,devient un espace de réflexion , de partage et de prière "
Lorsque j'ai pénétré dans la chapelle , il y avait des personnes en prière et je n'ai pas osé avancer plus avant dans le choeur pour faire des photos avec mon APN bruyant , je me sentais vraiment déplacée ...
Depuis le XVIIe siècle , la statue est recouverte d'un manteau royal et coiffée d'une couronne mais en-dessous , c'est une paysanne toute simple , coiffée d'un fichu .
Elle fait partie des Vierges Noires , qui ont suscité tant d'hypothèses sur leurs origines .
Si certaines ont été sculptées dans des bois exotiques , d'autres peintes , beaucoup ont été taillée dans du bois local immergé pendant des années dans l'eau de quelque étang , ce qui le tendait plus facile à modeler .Il avait pris une couleur brune et en séchant il devenait aussi dur que de la pierre .
La statue actuelle remplace celle qui fut détruite à la Révolution .
Un peu en contrebas de la chapelle coule une fontaine sainte abritée par une "chapeloune " .On raconte qu'elle tarit dès qu'on veut en faire un usage profane .
A côté de la chapelle , une auberge rustique offre aux pèlerins , aux randonneurs et aux touristes des repas tout simples sans aucune connotation de ripaille .
Ce n'est que si vous continuez à grimper que vous apercevez au loin la station de ski de Superbesse ..
Aucune fausse note dans ce lieu hors du temps qui , si vous êtes croyant , vous comble et si vous ne l'êtes pas , vous donne la nostalgie de cette foi paisible qui vient à bout de la mort .
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La petite ville de Besse est située sur le flanc sud des Monts Dore à près de 1100 m d'altitude , c'est dire que le climat l'hiver est plutôt rude et que la neige n'y fond pas vite .
La beauté des vastes paysages qui l'entourent en faitt un lieu très fréquenté non seulement en été mais également en hiver du fait de son annexe d'altitude , la station de ski de Super-Besse ."Pays de lacs , de torrents , de rochers , de gazon , fait pour le ski l'hiver et l'été pour le vol à voile .Ou pour ce qui est mieux encore , pour la marche en liberté dans l'air immense " Henri Pourrat .
Le bourg était jadis la capitale des montagnes .Au XIVe siècle il était fortifié et on peut voir encore des vestiges de ses remparts en lave noire . En lave également ses vieilles maisons des XIVe et XVIe siècles , jadis habitées par de bourgeois exerçant des métiers de commerce , des hommes de loi , des lettrés .La prospérité de la ville se lit à travers l'architecture des maisons qui ont souvent une porte à tympan ogival ouvrant sur une tour d'escalier coiffée d'un toit à poivrière .
Lorsque j'y suis passée fin août , il était tard et le beffroi , le château du bailli étaient en plein contre-jour , obstacle invincible pour moi .Il y avait affluence dans les rues et je devais pour chaque photo attendre que l'espace se dégage pour ne pas y piéger des promeneurs qui ne m'avaient rien demandé ...
Je vous invite donc à une petite promenade improvisée à travers les rues , en sauts de puce ...ici et là , cela sentait délicieusement bon le pain frais , la confiserie et les victuailles diverses : les randonnées à l'air pur creusent l'appétit ...
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Hauterive , dans sa configuration actuelle , date du XVIIe siècle avec des aménagements au cours des deux siècles suivants .C'était , avait-on pu dire "une propriété offrant tous les agréments qui peuvent rendre agréable le séjour à la campagne indépendamment de l'utile, dans un des plus beaux pays de la Limagne d'Auvergne , ce qui en rend le coup d'oeil très gracieux ."
Des jardins et terrasses on peut en effet contempler un très vaste panorama , dont un point de vue sur Issoire ,ville toute proche.
C'était autrefois une région où la culture de la vigne était prospère et sur les 14 Ha que comprend la propriété , la culture de la vigne arrivait à égalité avec celle des céréales .
On peut voir encore le cuvage et les caves . Des panneaux nous expliquent l'élaboration du vin depuis la récolte du raisin dans les bacholles jusqu'à la mise en bouteilles .
Le cuvage est une belle pièce voûtée en berceau.
Exposée au Nord , la cave , qui comporte trois travées , est construite sous la maison et exposée au Nord .Plusieurs soupiraux produisent l'aération indispensable et l'épaisseur des murs assure une température constante .
Chaque foudre de la troisième travée peut contenir 230 pots de vin (un pot=0,95 l ) .
On aperçoit ici sur un foudre la petite porte qui permettait de pénétrer à l'intérieur des fûts pour les laver à grande eau .
A la sortie des caves , on peut aussi aller voir un peu plus loin la glacière .Elle servait à conserver pendant huit à dix mois les blocs de glace découpés en hiver sur les étangs afin de pouvoir préparer des sorbets à base de liqueurs glacées .
Ces dépendances consacrées au vin m'ont rappelé d'excellents souvenirs très lointain .J'ai passé ma petite enfance dans un village vigneron du sud de la Sarthe et mes parents étaient conviés aux repas de vendanges .C'est là que j'ai fait mes premiers festins .C'était joyeux avec un brin de solennité , on y célébrait le soulagement du long travail accompli et que les caprices du ciel avaient épargné, l'espoir d'une belle cuvée et la tradition .
La glacière , dont j'ignorais tout , fut une totale surprise .
Située à l'endroit qui gardait le plus longtemps la neige en hiver et exposée au Nord , elle est en forme de cône pointé vers le bas avec au fond un puisard . Des tasseaux de bois maintenaient de la paille pour renforcer l'isolation . On laissait le moins d'espace possible entre les blocs de glace qu'on aspergeait d'eau pour les souder entre eux et on es recouvrait d'une épaisse couche de paille , de planches et de pierres ..
Voilà , ce petit voyage dans le temps est terminé .
Je vous souhaite un belle journée !
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Pour qui aime l'Histoire , celle des hommes et celle de l'art , la visite des châteaux fourmille d'informations intéressantes , et encore plus quand ils sont restés dans la même famille à travers les siècles car on découvre dans les pièces où il est permis de pénétrer un condensé de toutes les époques Les dépendances , elles , sont émouvantes car elles évoquent la vie quotidienne d' humbles serviteurs et au-delà , toutes proportions gardées , celle de nos aïeux dans leurs travaux domestiques .
Celles d'Hauterive ont encore belle allure .
Elles sont séparées du château par des massifs de buis
Une pièce abritait à la fois le four à pain et les cuves en terre cuite qui servaient au lavage du linge et qu'on appelait ici " bujadins ".
Le lavoir était réservé aux lessives ordinaires . Le rebord de cette fontaine montre qu'elle devait servir aussi .
Les bujadins étaient affectés aux grandes lessives concernant tout le linge de la maison , qui se faisaient une ou deux fois par an .
A l'intérieur de la cuve , on étendait une grosse toile (drap de lessive ) puis on y disposait le linge avec des sachets contenant de la cendre récupérée dans le four à pain.
Entre les deux cuviers , un foyer chauffait l'eau d'une très grande bassine en terre cuite .On versait régulièrement de l'eau ans les cuviers dont on avait bouché le trou d'écoulement avec un bâton entouré d'un chiffon .Le linge une fois trempé,l'eau était récupérée dans un baquet puis réchauffée et réutilisée et on recommençait cette opération plusieurs fois.
Le linge était alors rincé à grande eau au lavoir et, après essorage , étendu sur les prés ,de préférence les nuits de pleine lune , pour le blanchir . Le préau devait servir également .
Nous qui avons des lave-linge , nous imaginons la pénibilité de ces lessive et la force que ces laveuses devaient déployer pour manipuler tout ce linge alourdi par l'eau -les draps , ce devait être quelque chose - et tout autant pour l'essorer !
Sous l'Ancien Régime , les gentilshommes possédant fief pouvaient avoir leur propre fournil pour couvrir leurs besoins personnels.
Le four est constitué d'une sole et d'une belle voûte en pierre d'un arrondi parfait .Une cavité pratiquée en contrebas permettait une petite réserve de bois .
Une fois pétri , le pain devait reposer une heure et demie et pendant ce temps on allumait le four en prenant bien soin qu'il soit chaud d'une manière uniforme . On reconnaissait qu'il était chaud lorsque , en frottant avec un bâton les parois , il en sortait des étincelles ;on cessait alors de chauffer , on nettoyait les cendres et on enfournait les pains : deux heures et demie pour le pain bourgeois , ou quatre pour le gros pain . Pour vérifier qu'ils étaient cuits , on frappait les pains du bout des doigts :s'ils résonnaient , c'est qu'il fallait les retirer .
Je vous ai livré là des extraits de la documentation généreusement fournie sur place de manière très accessible . La visite est libre et c'est un bien agréable complément de celle des jardins que l'on quitte à regret ...
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