Cet endroit de la forêt qui m'est familier  a été fermé plusieurs mois pour entretien .

Au bord du chemin , de grands arbres abattus attendent leur départ . Les  cicatrices de leurs branches coupées dessinent de drôles de dessins , comme des souvenirs d'oiseaux ...

La forêt dort encore et la mare où les crapauds vont bientôt venir s'accoupler est plongée dans le silence .Il faut encore attendre une dizaine de jours pour qu'ils arrivent et un panneau a déjà été placé au bord de la route prévenant les automobilistes qu'ils risquent de rencontrer des amphibiens qui traversent , à leurs risques et périls . et qu'il serait bon qu'ils ralentissent pour éviter l'hécatombe .

Au bord de la mare , les massettes me semblent avoir encore gagné du terrain . 

Mais bientôt , les parties dégagées de la mare vont se peupler et l'air va résonner des sons bien particuliers qu'émettent les crapauds à cette période  , un murmure , ou plutôt un roulement , qui enfle soudain , puis d'un seul coup s'arrête pour reprendre un peu plus tard , comme s'il y avait un chef d'orchestre ..

La végétation aquatique se réveille , tout doucement . 

Au retour , un petit détour pour voir la couleur verte colorer timidement le paysage autour de Montpeyroux .

Tandis que je regardais les crapauds

J'ai failli marcher sur une grenouille immobile en plein milieu du sentier , se confondant avec les cailloux .

Elle était si amorphe que je l'ai crue morte .

Nous l'avons déposée avec précaution dans l'herbe pour lui éviter des ennuis .

Et là , toute guillerette  , d'un grand bond elle est allée se cacher !

Pas de fleurs encore , à part un petit pied de pulmonaires .

L'hiver s'attarde toujours un peu dans la forêt .

La végétation y est encore en sommeil .

La sécheresse a rétréci l'étang ,  les végétaux y ayant ont gagné du terrain tout au  long de ses rives .

L'étang s'anime à nouveau avec les amours des crapauds . Peut-être est-ce déjà la fin de cette période car dans l'eau glauque , ils sont plus calmes , ils se prélassent , ils rêvent  et s'ils cherchent çà et là à s'accoupler , ce n'est pas avec la frénésie habituelle ... .

A partir du XVIème siècle , la soif de connaissance se libéra peu à peu de la religion et l'esprit scientifique put se développer et s'affiner : observations , hypothèses , expériences pour ls valider ou non ...

Avec les moyens d'alors , certaines expériences étaient cocasses .

Comme celle réalisée en 1780 à Modène par l'abbé Lazzaro Spallanzani , professeur à  l'Université .

C'était un passionné de physiologie .Il s'était notamment intéressé à la circulation du sang puis , dans le domaine animal , à la digestion des oiseaux ,  à la reproduction , en particulier sur les grenouilles , crapauds et salamandres .

Le but : prouver le rôle du sperme dans la fécondation des oeufs .

"Il équipa donc ses crapauds de petites culottes imperméables et les laissa  faire leur petite affaire avec les femelles .Il constata que les oeufs pondus par les femelles restaient stériles mais il réussit  en féconder d'autres avec le liquide qu'il préleva dans les culottes ." ( cf Comment faire taire les Grenouilles de Christophe Recoura . )

Voilà une expérience qui avait le mérite d'avoir le consentement ravi de tout ce petit monde !

J'ai eu l'idée de cet article dans  le livre dont je vous ai déjà parlé : Comment faire taire les grenouilles ( Ed FYP , 20007 ) .

L'abbé Spallanzani , né dans le duché de Modène  en 1729 , fut naturaliste , physicien et professeur  et  un opposant de Buffon qui croyait possibles des cas de  générations spontanées .

Alors qu'il étudiait la reproduction animale , Spallanzani  tenta de démontrer  la fonction du liquide spermatique dans la fécondation des oeufs .

Pour ce faire , il suivit " l'accouplement des batraciens .Il équipa donc ses crapauds mâles de petites culottes imperméables et les laissa faire leur petite affaire avec les femelles .Il constata que les oeufs pondus par les femelles restaient stériles mais il réussit à en féconder d'autres avec le liquide qu'il récupéra dans les culottes ..Il démontra ainsi que le liquide spermatique avait une fonction dans la reproduction , élément qui était connu à l'époque mais n'avait pas été prouvé . "

Vous connaissez sans doute la chanson populaire  "Les crapauds " dont le texte fut écrit en 1897 par Marc Legrand et mis en musique par Victor Meusy .

Alain Souchon l'a reprise en 2001 dans son album "A cause d'elles" et je trouve sa version superbe ,  touchante et  poétique ...En voici un petit extrait :

...Nous aimons la mare 

Qu'un reflet chamarre ,

Où dort à l'amarre un canot pourri ,

Dans l'eau qu'elle souille

sa chaîne se rouille

La verte grenouille y cherche un abri ,

Là la source épanche

son écume blanche

Un vieux saule penche

au milieu des joncs ,

Et les libellules aux ailes de tulle

Font crever des bulles au nez des goujons .

Quand la lune plaque

comme un vernis laque

Sur la calme flaque des marais blafards .

Alors symbolique et mélancolique

Notre long cantique sort des nénuphars.

Orme , chêne , tremble,

nul arbre ne tremble .

Au loin le bois semble un géant qui dort .

la nuit est limpide , l'étang est sans rides .

dans le ciel splendide

Luit le croissant d'or .