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Par pulsatilla le 9 Avril 2018 à 00:18
A une trentaine de km au sud-est de Clermont- F errand , ce tout petit village de Pignols (326 habitants ) que vous avez vu dans l' article précédent possède une église qu'on distingue à peine des maisons car elle n'a plus de clocher . Les rues sont pentues et il faut encore grimper quelque marches pour y accéder .
Ce fut pour moi une découverte fortuite à l'occasion des Journées du Patrimoine il y a deux ans . C'est J.P Longin , un artiste plasticien , un amoureux passionné des édifices religieux clunisiens de Bourgogne , qui en faisait la présentation et il déployait une telle érudition et un tel enthousiasme qu'il aurait intéressé les plus réfractaires .
Il a évoqué toutes les questions que soulève pour les curieux cet édifice dont la toute première origine remonte sans doute au XIème siècle , mais qui a été remanié du XIIe au XVIe siècles . Qu'est-ce qui a motivé les modifications , comment interpréter ses étonnantes peintures murales découvertes en 1987 alors qu'elles étaient masquées par des couches de badigeon ? Cet édifice est classé depuis 1993.
Le porche par lequel nous y pénétrons est tout simple mais en le regardant , les fidèles des siècles passés , habitués à lire dans la décoration des églises comme nous dans les livres , comprenaient qu'ils entraient dans le domaine de la Parole .
Sitôt la porte franchie , on est stupéfait ...On a sous les yeux 80m²de peintures murales .
Sur la voûte , un Christ en majesté comme on en voit peu : abondante chevelure blonde , moustaches à la Gauloise, léger strabisme , visage empreint d'une gravité pensive et triste qui le rend très touchant .Ce qui est très étonnant, c'est qu'il il bénit de la main ... gauche ( par le même geste il désigne le Livre)
De part et d'autre sont figurés les Evangélistes .
L'aigle de Jean.
L'Homme (Matthieu ) émerge des nuages ...
Le taureau de Luc
Le lion de Marc est presque totalement effacé .
On voit eux rangées d'apôtres qui se font face , au dessin très différent
Au nord , six apôtres aux attitudes différenciées qui semblent se diriger sur le côté .Saint-Pierre est à droite .
Au sud , des apôtres bien alignés ,une décoration moins soignée .
En-dessous le dessin est différent aussi.
Au Nord , semis de petites fleurs toutes simples
Au Sud , beaucoup plus de recherche .
Des artistes différents ont peint ces deux séries et en même temps , comme s'il y avait eu nécessité d'aller vite .Attendu qu'on a découvert un caveau sous ce qui fut le clocher , on a émis l'hypothèse que l'édifice ait fait office de mausolée , peut-être destiné au personnage mitré qu'on découvre un peu plus loin .
Et il en existe un aussi à l'entrée de l'édifice .
Autre interrogation : qui est le 13e personnage parmi les apôtres , plus petit , à longue chevelure ? Est-ce Marie-Madeleine, à qui l'église est dédiée ?
Dans le choeur , les peintures sont du XVIe siècle .deux dames se font face .Chacune a une auréole et tient une palme , symbole de victoire , de part et d'autre de la croix vide dont il ne reste que les clous : peut-être Marie- Madeleine qui tient un flacon d'onguent ou de parfum , mais qui est l'autre ? Une personnification de l'Eglise si ce sont des grenades qu'elle a dans les mains , fruit symbole de la perfection ?
Décoration de l'oculus
17 commentaires -
Par pulsatilla le 11 Novembre 2017 à 13:11
La Rencontre des Trois Morts et des 3 Vifs est un thème qui s'est popularisé aux 14ème et 15ème siècles .
Il en existe des versions littéraires, comme le Dit de Nicolas de Margival (fin 13ème siècle) , dont la morale s'énonce ainsi ; "Menons la vie qui plaît à Dieu , gardons-nous d'aller en enfer , sachons que la mort nous saisira aussi et prions N-D , à l'heure de la mort , d'être près de son fils ."
On est là beaucoup plus proche des Pensées de Blaise Pascal , que du simple "Carpe diem " !
On a dénombré en France 93 représentations de ce thème sous forme de peintures murales . Elles varient légèrement avec le temps .
Au départ , les vivants étaient à pied , puis ce furent des cavaliers , riches seigneurs accompagnés de chiens et de faucons , équipage qui souligne la toute-puissance de la mort , qui sera là pour le puissant comme pour le manant .
La croix sépare les deux groupes .
Voici une version de ce thème dans la Collégiale Sainte Victoire et Sainte-Couronne à Ennezat ( 63 ) qui date de 1420 .
En haut , une inscription indique le nom du donateur et la date .
En bas , un poème de 6 quatrains explicite l'oeuvre .
En haut à gauche on distingue un château...
En haut à gauche , la cabane qui sert de sépulture aux trois morts.
L'ambiance est peint avec beaucoup de vigueur : les chevaux se cabrent , le faucon s'est envolé , effrayé , les chiens montrent les crocs ou se sauvent ; le lapin est transi d'effroi ...
L'élégant cavalier le plus poche de l'apparition a un geste de recul...
13 commentaires -
Par pulsatilla le 9 Octobre 2017 à 12:43
Les Riomois sont très attachés à cette statue du XIVème siècle qu'on peut voir à l'église du Marthuret et qu'ils avaient réussi à préserver des vandales lors de la Terreur (c'est la corporation des bouchers qui l'avait mise en lieu sûr !)
En pierre polychrome , est probablement l'oeuvre d'un artiste de l'entourage de Jean de Berry ( qui avait reçu Riom en apanage et y avait fait construire un château dont il ne reste que la chapelle ) .
Mais la légende raconte que c'est un prisonnier qui l'avait sculptée au cours de sa longue détention pour tromper le temps en attendant son exécution . Lorsque ce jour funeste arriva , elle n'était pas encore terminée mais elle était déjà si belle qu'on lui accorda un délai pour finir de la sculpter . Et il se trouve que pendant ce délai on découvrit le véritable coupable et que l'artiste échappa à la mort !
Ce thème de la Vierge à l'Oiseau est tiré d'une légende relatée par un évangile apocryphe .
L'enfant Jésus jouait à façonner des oiseaux avec de la glaise et lorsqu'il soufflait dessus , ils s'envolaient ...L'un d'eux se posa sur l'épaule de la Vierge Jésus voulut l'attraper et l'oiseau lui saisit le doigt avec son bec ce qui fit sourire sa mère qui savait très bien que l'oiseau ne lui ferait aucun mal ...
Une copie de la statue se trouve aussi à l'entrée de l'église .
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Par pulsatilla le 3 Octobre 2017 à 12:06
L'église romane du petit village agricole de Biollet , situé dans les Combrailles (Nord-ouest du Puy-de-Dôme ) est toute simple et cependant il est très intéressant d'en pousser la porte ...
Romane ,elle est du XIème siècle et a conservé de très curieux chapiteaux qui n'ont pas livré leurs secrets . On pense qu'il s'agit d'une assimilation de divinités païennes (celtiques ) par le Christianisme .
La tribu gauloise des Cambovices , voisine des célèbres Arvernes , a été longtemps oubliée des colonisateurs romains , d'où une permanence des cultes celtes .
S'agit-il du dieu celte Sucellos , dont le nom signifie " frappeur" , représenté avec à la main un maillet à deux têtes (il a le pouvoir de tuer et de
ressusciter ), portant la barbe et vêtu à la Gauloise d'une longue blouse serrée à la taille et de braies ? En tout cas , il est soigneusement encadré d'ecclésiastiques .
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Personnage chevauchant une tête coupée sur laquelle il pose la main et voisinant avec un ecclésiastique levant la main en signe d'acclamation .Hypothèse : ce ne serait plus" Malheur au vaincu " mais l'inverse : la tête arrachée à la mort pourrait être celle d'un élu .
Accolade et (ou?) danse...
On voit pas mal d'animaux sur ces chapiteaux : dualité homme/bête ?
Encore des têtes coupées ." La tradition celtique considérait le crâne comme le foyer central de l'esprit. En lui résidaient la force et la valeur guerrière de l'adversaire . En conservant la tête coupée de son ennemi , le Celte se garantissait toute cette force propre à sa personne ." ( Source :Symboles païens et inscriptions runiques ) .
Sans doute le catholicisme a -t-il profondément modifié ces croyance par les notions de rédemption et de résurrection .
♥♥♥
J'ignorais que dans cette commune , au Bost , se trouve depuis une vingtaine d'années une des plus importants monastères bouddhistes d'Europe ,Dhagpo Kundreul Ling et son temple de Mille Bouddhas ...
16 commentaires -
Par pulsatilla le 13 Septembre 2017 à 12:24
Nous avions déjà vu l'église et le prieuré de Saint -Hilaire-la-Croix ( ici ) mais pas l'intérieur de l'église qui , hors saison touristique était fermée .
J'y suis retournée cet été et j'ai pu satisfaire ma curiosité ...
J'avais en mains un petit fascicule d'un historien local ,Jean Passat , membre des Amis du Prieuré , qui invite à voir dans les sculptures des chapiteaux non pas une simple décoration mais l'expression de tout un symbolisme .
Voici quelques exemples :
Les bêtes .
Deux animaux dressés prennent un humain à la gorge et passent leur langue sur ses oreilles . Jean Passat y voit un homme empêché de diffuser la parole divine par la tentation forte de céder à la facilité .
Aigles buvant dans une coupe .
Dans l'art roman les aigles ont une connotation positive .La symétrie suggère le thème de l'équilibre et on remarque au-dessus de chacun d'eux un personnage qui met quelque chose dans la coupe : est-ce la meilleure part de lui-même ?
Le choix .
Un homme est assailli et tenu par deux personnages. Ceci figurerait l'homme dévoré par ses passions , dont les sollicitations de la chair sous les traits d'un centaure au visage de femme , et d'autres passions coupables , symbolisées par l'autre centaure dont la brutalité se renforce d'une armure . On voit de part et d'autre une fleur ( marche vers la lumière ?) et un masque humain à l'expression souffrante (au purgatoire ?)
La danseuse .
C'est le chapiteau le plus célèbre de l'église . Un musicien joue de la viole , une danseuse est représentée au moment où elle a le corps renversé .
Sur le tailloir on voit une ondulation que Jean Passat interprète comme le symbole de l'eau du baptème , qui est conversion , retournement et liesse .
Les autres chapiteaux et culs de lampe sont interprété dans le même esprit . Jean Passat le dit lui-même : "Existe-t-il un symbolisme roman en dehors des chapiteaux historiés où chacun s'accorde rapidement sur le thème représenté ?...Il faut être un doux rêveur ou un poète attardé et vouloir s'éloigner de tout rationalisme pour prétendre donner une signification porteuse de message à tous ces feuillages , masques et animaux qui peuplent les chapiteaux des églises romanes . Et pourtant ..."
J'avoue ne pas avoir une culture en matière de religion et d'histoire de l'art suffisamment pointue pour juger mais je trouve qu'une telle réflexion ajoute beaucoup d' intérêt à la visite .
On ne peut quitter cette église sans admirer la belle statue en pierre polychrome du XVIème siècle de Sainte-Madeleine .
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Par pulsatilla le 15 Février 2017 à 11:13
Le petit village de Grandeyrolles ( 63 ) se situe à 3 km de Montaigut - le - Blanc qui escalade gaillardement la pente vers son château , dans un environnement plutôt escarpé où il fait bon faire de belles randonnées pédestres jalonnées de ravins et de promontoires
Nous sommes là dans ce que les géographes appellent " les pays coupés ", entre la Limagne et laChaîne des Puys .
L'église Saint-Loup ,d'architecture romane ,en dépit de son grand âge - elle date de la fin du XIème siècle - veille encore sur la soixantaine d'habitants de Grandeyrolles .
Le clocher à peigne , le beau toit de lauzes dominent un vaste paysage...
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