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Par pulsatilla le 22 Décembre 2023 à 23:47
En cette période de fin d'année , pour illustrer ce thème de la gourmandise , j'ai choisi deux tableaux où le peintre paraît prendre du plaisir à fixer sur la toile une scène dont les protagonistes sont visiblement de bons vivants .Gourmets ou gourmands ? Les deux , sans doute - et sans complexes !
Jan Steen (1626-1679 ) . Jeune femme mangeant des huîtres .
Huile sur bois . 1658-1660 .
Jan Steen est un des représentants du baroque néerlandais .
Il a laissé quelques 400 tableaux .C 'était un peintre de genre dont le sujet de prédilection était la vie quotidienne.
Cette jeune femme robuste et visiblement aisée capte toute la lumière , ce qui attire l'attention sur ses yeux malicieux et son sourire : elle paraît amusée de se voir surprise dans sa dégustation solitaire et son regard semble chercher la complicité du spectateur .Le tableau est remarquablement détaillé malgré son petit format : 20,5 x14,5 cm .
Moines cuisinant .
Ecole italienne .
Dans une ambiance amicale et chaleureuse , ces deux -là semblent s'absoudre mutuellement d'un petit péché de gourmandise . L'un des deux assume joyeusement son nez rouge !
Et maintenant voici en dessert quelque chose qui , je l'espère , vous mettra l'eau à la bouche !
Des mets appétissants présentés de manière raffinée . Le verre , la porcelaine blanche aux filets dorés , l'argenterie brillent d'un éclat froid mais les fraises mûres à point dans leur plat rose embaument et n'attendent que la crème et le sucre pour être dégustées et on imagine la bonne odeur de beurre des gâteaux moelleux . Un innocent verre d'eau désaltérera le convive épicurien .
John F. Francis . (1808-1886 )
Fraises et gâteaux .
Huile sur toile .
John F. Francis était un peintre américain de natures mortes .
12 commentaires -
Par pulsatilla le 16 Décembre 2023 à 00:23
Aujourd'hui , je pense que le thème est toujours la lecture et je vais donc faire court pour le cas où il aurait changé ...
J'ai choisi tout d'abord deux tableaux d'Henri Fantin-Latour ( 1836-1904 ) .
Je les trouve extrêmement expressifs malgré leur sobriété et j'aime les tons utilisés pour ces scènes d'intimité .
La lecture . 1877 .
La lecture . 1870 .
Ils sont tous deux intitulés " La lecture "et ils mettent en scène deux femmes dont une était l'épouse du peintres ( la lectrice ) , et l'autre la soeur de celle-ci .
On voit ici combien le plaisir d'une lecture n'est pas si évident que cela à faire partager !
Sur le premier tableau , on sent que la jeune femme de gauche est ailleurs , qu'elle s'ennuie poliment et se renfrogne .Peut-être est - elle venue voir sa soeur pour se confier et c'est raté ...
Sur le second , elle n'écoute pas non plus et se divertit en regardant le spectateur - et le peintre ! Complicité avec celui-ci ?
On espère que la lectrice , d'un sérieux imperturbable et qui ne s'aperçoit de rien , lit tout haut pour sa visiteuse apparemment plus jeune et plus tournée vers le concret .
Fantin-Latour est surtout connu pour ses natures mortes aux motifs floraux et ses portraits d'artistes mais il a peint aussi des paysages et des scènes de genre .
Pour finir , voici un autre tableau qui montre cette fois que la lecture peut-être aussi parfois objet d'inquiétude quand elle est jugée comme tenant trop de place dans la vie du lecteur .
Anne-Louis Giraudet -Trioson (1767-1824) .
Benoît Agnès Trioson regardant des figures dans un livre . 1797 .
Le peintre a représenté son fils qui préfère lire de gros ouvrages sérieux plutôt que de s'adonner aux jeux de son âge .
Il a un jouet dans la poche et son tiroir de bureau est plein de jeux de société mais lui , il dévore des livres qui le laissent pensif et triste , lui dérobant l'insouciance de l'enfance .
13 commentaires -
Par pulsatilla le 9 Décembre 2023 à 00:02
Aujourd'hui j'ai voulu évoquer d'avantage la lecture en elle-même , le contact intime avec les livres .
ici j'aime la simplicité de ce tableau où chacun peut se retrouver: le fouillis de cette bibliothèque évidemment souvent ouverte , à la recherche d'un ouvrage dont on est sûr qu'il s'y trouve , mais où au hasard des engouement successifs ? Ou bien en quête de celui que l'on voudrait relire ou qu'on n'a pas encore lu .
L'atmosphère est douce , feutrée , intime . Les livres ne sont pas des livres pour frimer ils sont fatigués .Pas d'ostentation chez la lectrice légèrement décoiffée que le peintre veut nous montrer alors qu'ielle ignore qu'on l'observe . Lecture de plaisir plutôt que studieuse . Les ouvrages ont l'air d'appartenir à une collection . Vallotton ferait-il allusion au goût des femmes pour les romans ?
Félix Vallotton (1865-1925)
La bibliothèque . 1915 .
Ici , toujours le même fouillis
Felix Vallotton .
La bibliothèque .1921
Même tonalité un peu plus vive toutefois .Nous sommes à un autre moment de la journée . Ce coin de pièce est davantage éclairé .La lectrice a disparu mais le bouquet de fleurs toutes simples , aux pétales drus et aux couleurs chaudes , l'éclairage qui baigne les livres montrent que c'est un endroit de la maison qu'on affectionne et où on aime venir s'évader du quotidien.
Vallotton , peintre français d'origine suisse , a fait partie du groupe des Nabis mais est toujours resté un peu en marge , "créant un style original , caractérisé par un réalisme sans complaisance , parfois caricatural , d'où est bannie toute tendance décorative ."
Il fut tenté un temps par le Pointillisme .
Il a laissé aussi des dessins, des gravures .Il avait également collaboré à l'élaboration de décors de théâtre et sa verve a fait merveille dans des revues humoristiques
Voici un portait qu'en a dressé Octave Mirbeau , un de ses amis .
"Félix Vallotton n'est pas un idéologue au sens fâcheux que nous donnons à ce terme et il ne se dessèche pas l'âme dans des théories lesquelles sont en général la revanche des impuissants , des vaniteux et des sots .Comme ceux qui ont beaucoup vu , beaucoup lu , beaucoup réfléchi , il est pessimiste .Mais ce pessimisme n'a rien d'agressif, rien d'entièrement négateur .Cet homme juste ne veut pas se leurrer dans le pire comme d'autres dans le mieux et il cherche en toute chose , de bonne foi , la vérité ."
En cherchant à illustrer ce thème avec des oeuvres d'artistes , contemporains cette fois , je l' ai découvert chez Sophie Dumont : "Par le biais de ses oeuvres , elle est parvenue à capturer l'essence unique de la bibliothèque en tant que lieu de savoir et de rêverie ."
Elle est née en 1964 et vit et peint à Langrune - sur- Mer en Normandie , tout en exposant en France et hors de nos frontières ...
Je vous invite à aller découvrir son site , ses thèmes favoris : paysages , nus , chevaux , ateliers et aussi ses tableaux abstraits :https://www:sophiedumont.com.
Sa foisonnante série des Bibliothèques est étonnante : elle se renouvelle à l'infini : disposition des livres , harmonie des couleurs , créant à chaque fois une atmosphère différente : elle donnerait envie d''essayer la lecture au plus réfractaire !
17 commentaires -
Par pulsatilla le 3 Décembre 2023 à 06:00
Le thème d'aujourd'hui , c'est la lecture
C'est un sujet qui a inspiré énormément de peintres , peut-être parce que écrivains et peintres forment une communauté d'artistes et que l'intérêt suscité par les uns encourage les autres. Et puis il y a aussi les scènes de la vie quotidienne , les letttres et les sentiments qu'elles inspirent , la lecture des journaux , celle que l'on fait aux enfants etc...Le choix est vaste
Par ces jours gris où l'actualité est pesante , je voulais de la couleur , de la sérénité , de la légèreté .
Et j'ai choisi ,une fois n'est pas coutume , un tableau de Pablo Picasso (1881-1973) . J'avoue que c'est loin d'être mon peintre préféré mais j'aime quelques uns de ses tableaux et celui-ci en fait partie .
Femme avec un livre . 1932 .
Il s'agit d'un portrait de Marie -Thérèse Walter dont il avait fait connaissance en 1926 alors qu'elle avait 17ans et qu'il était marié avec Olga Khokhlova , danseuse russe des ballets de Diaghilev , rencontrée en 1917, épousée en 1918 , qui avait renoncé pour lui à sa carrière . Marie-Thérèse devint son modèle et sa maîtresse pendant une dizaine d'années . Commença donc pour le peintre une double vie jusqu'à ce qu'Olga découvre la trahison .Il ne divorçera d'Olga dont il s' était séparé , qu'en 1955 .
On sent dans la manière dont il peint la solaire Marie-Thérèse , avec ces formes simplifiées , ces couleurs vives , ces courbes chaleureuses , le bonheur et la sérénité qu'elle lui apporte , bonheur visiblement partagé . .Sa lecture la laisse rêveuse , elle est perdue dans ses pensées , détendue , le bras doucement appuyé contre celui du fauteuil.
Rien à voir avec ce tableau .
Olga en train de lire . 1920 .
Camaïeu de gris mêlé d'un soupçon de rose et de quelques traits de lumière jaune . Vêtements tristes . Le visage a quelque chose de marmoréen .
La jeune femme se tient assez raide sur sa chaise et si le geste de sa main droite est gracieux , le contour en est lourd .La main gauche - on pourrait même dire le poing , est crispée sur ce qui semble une lettre et qui a l'air de chagriner sa lectrice . On sait qu'Olga était angoissée à cette époque pour sa famille restée en Russie et qui vivait des moments tragiques Comparés l'un à l'autre , ces tableaux n'en sont que plus expressifs .
15 commentaires -
Par pulsatilla le 25 Novembre 2023 à 06:00
Novembre se termine , l'automne se meurt doucement
C'est pourquoi j'ai choisi ces tableaux d'un peintre allemand : Konrad Müller - Kurzwelly (1857-1940 ) .
Après des études de philosophie , d'histoire et d'histoire de l'art à l'université d'Iena , c'est vers l'art qu'il se tournera en allant l'étudier à l'Académie de Berlin .Il connut le succès en tant que peintre paysagiste , inspiré par la nature dans les environs de Berlin , de la Spree et de la côte de la Baltique Les zones forestières l' inspirèrent particulièrement .
Une grande partie de son oeuvre a été détruite lors des bombardements de Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale
Müller-Kurzwelly . Bachlauf im Herbstwald .
Ruisseau dans la forêt en automne .
Quoi de mieux comme écho à ce tableau que de lire le mélancolique poème d'Apollinaire à la tonalité un peu germanique avec l'allusion aux nixes , divinités des rivières qui entrainaient les hommes dans leur sillage pour qu'ils se noient :
Automne malade ( Alcools . 1913 )
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont brâmé
Et que j'aime ô saison , que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent en automne et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie s'écoule
16 commentaires -
Par pulsatilla le 18 Novembre 2023 à 06:00
Le thème de ce samedi est très séduisant et nous avons eu l'embarras du choix car la riche palette de l'automne a inspiré énormément de peintres .
Mon choix s'est porté après bien des hésitations sur un tableau d'un peintre danois :
Hans Andersen Brendekilde (1857-1942 )
Un chemin boisé en automne ( 1902 )
Ce peintre est un parent éloigné de Hans Christian Andersen dont les contes ont peut-être enchanté votre enfance .
Il a vu le jour dans une famille très pauvre , son père était sabotier et son enfance fut très humble .
C'est grâce à son talent qui s'est manifesté très tôt qu'il a pu devenir un artiste célèbre dont l'influence sur ses contemporains fut importante .Dans son adolescence enseignant remarqua avec quel brio il réalisait des sculptures d'animaux sur bois et c'est ainsi qu'il devint d'abord l'élève d'un sculpteur puis il fut admis à l'Académie Royale des Beaux Arts du Danemark où il s'intégra parfaitement .
S'il reçut une formation de sculpteur , la peinture l'attira bien avantage et , artiste réaliste et social , il s'attacha à montrer la vie des humbles dans les petits villages .Il peignit aussi des portraits
Il lui arriva aussi de travailler pour la verrerie d'art et la poterie .
Peut-être aimerez-vous comme moi la lumière de ce tableau , sa plénitude.
On dirait que cette lumière émane des arbres eux-mêmes , qui étendent avec sollicitude leurs branches protectrices au-dessus du chemin .
Les différentes manières de traiter les feuillages selon l'arbre auquel ils appartiennent , de même que les feuilles tombées au sol que les pas ont un peu soulevées, donnent beaucoup de relief à ce tableau qui pour être précis n'en est pas moins poétique .Le contraste avec le camaïeu de verts un peu dorés sur la droite de cette composition apporte de la profondeur .Une rivière coule paisiblement et reflète un ciel où le bleu domine encore.
Une jeune femme solitaire , vêtue de noir et dont la lumière fait briller la pointe du soulier regarde machinalement deux silhouettes masculines qui vont bientôt disparaître au bout du chemin . Peut-être est- elle venue s'asseoir là elle là bercer un chagrin ? " La vie est là , simple et tranquille ", comme dirait Verlaine .
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