Confinement oblige : pour moi cette année , le printemps est limité à l'horizon de mon jardin - et je reconnais que j'ai de la chance d'en avoir un !

Seulement , la sécheresse et la canicule de l'été dernier ont  eu raison de mes vivaces et les jardineries étant fermées , je n'ai pas pu acheter des fleurs à planter ou à semer !

Seuls mes arbres  célèbrent le printemps à leur manière . Bien sûr ils ont souffert eux aussi et leurs branches inférieures sont mortes .Il faut lever la tête pour admirer leur exubérance ...

Quant aux fleurs , j'attends l'éclosion des iris et j'évite que soient tondues   celles qui se sèment toutes seules .

Comme il n'y a plus guère d'insectes ,les oiseaux sont bien  moins nombreux .

Deux merles inventifs se répondent d'un arbre à l'autre , difficilement repérables et de jeunes tourterelles au plumage tout neuf  arpentent élégamment la pelouse à la recherche de nourriture  , toujours deux par deux . Un ramier dodu passe de temps en temps  et tout ce petit monde inspire des intentions coupables au  chat noir d'un voisin : énorme , il maraude avec des airs de seigneur en pays conquis ...

Si ma minette l'aperçoit , il lui fait l'effet d'un lion : bien que fierote ,   elle ne peut cacher son émoi : alors que d'autres se hérisseraient , chez elle , seule la queue le fait  et c'est craquant  de la voir trahie par  son rince-bouteilles !

C'est une chance d'avoir un jardin en période de confinement...

Encore que ...

Chez moi , après un hiver pratiquement sans pluie , tout est archi-sec , le sol déjà craquelé ...

Pour ce qui est des fleurs , c'est spécial cette année .Pour l'instant ne pousse que ce qui s'est semé spontanément ;ce ne'est pas grave et cela donne quand même de petites touches de couleurs toniques et optimistes  .

Si j'ai la possibilité plus tard  de semer  quelque chose , je pense que les tourterelles qui pullulent chez moi depuis cet hiver où elles se sont copieusement  régalées aux-restos-oiseaux , vont tout avaler vite fait bien fait car elles sont en pleine forme et très actives sur ma pelouse - paillasson !

En faisant ces photos , suivie de ma chatte  qui déteste que je ne m'occupe pas d'elle quand je suis dans le jardin   , j'ai failli marcher sur cette colonne en vadrouille inconfortable ...

Quand elle  rencontre un obstacle , elle se met ce que j'appelle "en flaque !

Le plus souvent c'est sous cette forme qu'elles tombent du pin , d'un seul coup .Je suppose que le cocon , devenu trop lourd , se rompt .Il n'est pas rare que la colonne compte jusqu'à 500 individus !

Si la moindre vibration est perceptible dans leur environnement , la chenille de tête se hérisse et l'alerte se transmet dans l'instant  à toute la colonne , qui change légèrement de couleur et projette violemment  des particules allergisantes - et immédiatement la trachée vous pique et des boutons brûlants vous poussent Il n'y a même pas besoin de les avoir touchées !

Les chenilles  que vous voyez là se trouvaient près de la maison et  j'ai pu les brûler avec ce qui me sert à détruire  les mauvaises herbes .C'est dégoûtant à faire mais je n'avais pas d'alternative .Jusqu'à cette année , nous les ramassions une à une avec pinces , gants , masques  et lunettes .Cette année , bien sûr , nous n'avons pas de masques , plus de gants , et de toute manière , l'opération est trop néfaste à nos bronches pour que nous prenions le risque cette année !

J'avais pris contact en temps voulu avec un spécialiste qui devait venir me poser au moment ad hoc des pièges à phéromones .Le devis était fait et accepté , c'étai à lui de venir quand il jugerait le moment arrivé  , mais il m'a fait faux bond .Et comme ceci se situait au moment de la maladie de mon fils , je l'ai réalisé trop tard  ! Résultat : une bonne centaine de cocons , tous à plus d'une quinzaine de mètres de haut !

Inutile de dire qu'il faut faire l'inspection avant de laisser sortir la chatte - et qu'elle n'apprécie pas du tout ! Actuellement , elle boude consciencieusement , nez ostensiblement tourné vers le mur !

Une vaste pelouse écrasée de soleil . Ou plutôt un paillasson géant ...

Les brins d'herbe secs piquent les coussinets de la chatte qui remet ses explorations à plus tard et passe le temps  au frais dans le feuillage de la bignone qui étale ses trompettes fanées  jusqu'à terre .

Une abeille  bien que solitaire s'y affaire .

Les  fleurs en général ont rendu l'âme .

Les mauvaises herbes narguent la jardinière bizarre qui irait même jusqu'à leur trouver du charme !

Et au loin sur un chardon , une petite araignée attend , stoïque, depuis plusieurs jours , qu'un insecte étourdi se laisse prendre .Mais il ne passe

plus personne !

..

 Malgré la température assez basse et le vent aigre qui n'en démord pas  , on ne peut échapper à la remise en état se son jardin.

Dans l'espoir de sauver quelques insectes , dont la variété et le nombre diminuent chaque année de manière inquiétante , j'avais laissé une partie des feuilles mortes sur la pelouse pour l'hiver .Noisetiers , sycomores , érables pourpres , cela fait du monde .Les anémones sauvages réussissent quand même à passer leurs têtes bleues à travers ce tapis honteux pour certains .

Et je te ratisse , et je te remplis des sacs  . Adieu les anémones qui auront du mal à s'en remettre .

Avec leur 12 m de hauteur ,les pins d'Autriche , que les oiseaux apprécient beaucoup , nous gratifient de leurs pommes et  de leurs aiguilles .Et je te fais des tas  et je te ramasse  et je te remplis d'autres sacs .

Choses que je ne peux pas extirper, ce sont les cocons de chenilles processionnaires dont ils sont affublés.Il doit y en avoir une bonne centaine . Bonjour l'urticaire et la conjonctivite quand vous ramassez les aiguilles !

On me conseille de les faire abattre tous les 6 mais ce serait un crève - coeur .J'ai horreur des maisons sans arbres , posées comme des boîtes à sucre sur un paillasson !

Il faut aussi désherber , et comme je me refuse à utiliser des produits chimiques , il y a  du travail ! Et je dois avouer que c'est parfois avec regret car je ne les trouve pas toutes moches ces "mauvaises herbes " !

Enfin , il faut redonner à la pelouse , ou plutôt à la prairie , une allure décente ; et je te tonds , et je te remplis des sacs ...Adieu le joli tapis de pâquerettes ,  violettes et  primevères .

Dans son pot , la primevère cultivée regarde ce massacre avec de grands yeux mouillés .

Comme il est interdit de brûler les déchets verts et qu'il n'en existe aucun ramassage si restreint soit-il , il faut aller à la déchetterie à 8 km . Et là , c'est la queue et souvent les engueu...entre gens exténués !

A raison de 8 sacs  de 150 l par voyage, ça fait des km et de la pollution , surtout si on ajoute les sacs en plastique qu'il faut bien utiliser !

Après tout ce tintouin , la conscience tranquille on peut contempler son oeuvre , sortir les chaises de jardin qui accueillent nos popotins courbatus  ; et qu'est-ce qu'on voit soudain  en guise de gratification ??

Tant pis , en attendant de les ramasser avec gants et masque , pour les brûler , regardons ailleurs ...

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Il fait encore gris  mais la lumière n'est plus la même , les jours rallongent et il y a  , au cours de la journée , quelques radoucissements et quelques clins d'oeil du soleil .

Les petites fleurs sauvages ou redevenues telles se hasardent à trouer le grand paillasson  que nous nommons encore pelouse et les feuilles mortes que j'ai laissées exprès pour que quelques uns de mes insectes préférés s'y abritent pendant l'hiver .

Cette pâquerette ayant déjà déchiré et sali sa robe ,je ne vous montrerai  que son coeur...

Dans un coin  du jardin , un cassissier , qui a choisi bizarrement de pousser tout seul sous un cèdre et qui donne ,quand tous ses congénères ont depuis belle lurette rendu leur copie , des fruits qui n'ont que la peau et les os , fleurit lentement et modestement mais la charmante couleur rose de ses fleurs est le joli cadeau qu'il nous offre .

La vie serait belle s'il n'y avait pas ceci :

des rubans de trois mètres 

des agglomérats grouillants 

de bien jolies frimousses ...

Explication : six pins d'Autriche , d'une dizaine de mètres , constellés chacun ,sur leurs plus hautes branches ,d'une bonne vingtaine de cocons de chenilles processionnaires ...

Dès que le printemps revient ,elles descendent de l'arbre dont elles ont consciencieusement consommé les aiguilles et elles vont s'enterrer pour continuer leur cycle infernal de sales bestioles ...Elles sont très urticantes et même si vous les enlevez avec des pinces et munis d'un masque , vous avez des cloques , de la conjonctivite et la gorge qui pique  . Un chien qui y goûte risque une nécrose de la langue .

La seule solution pour éradiquer ce fléau serait d'abattre les six arbres , un crève -coeur !