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    L'araignée et le crapaud .

     

    L'esprit scientifique est le fruit d'une  conquête laborieuse . Si l'être humain a toujours été curieux de ce qu'il pouvait observer , sa tendance était d'en donner des explications divines ou diaboliques .Observer avec rigueur et sans a priori , émettre des hypothèses , les vérifier par des expériences aux protocoles sérieux , cela n'allait pas de soi .

    On a conservé des écrits d'érudits des siècles passés  qui décoiffent .

    Voici par exemple une anecdote  à propos d'une haine qu'aurait l'araignée pour le serpent et  le crapaud , rapportée par lErasme , le très sérieux auteur de L'Eloge de la Folie , dans ses Colloques en 1527.

    De notoriété publique à l'époque, le crapaud sécrète un venin mortel et l'araignée attaque le crapaud , qu'elle déteste .

    Un jour , un moine s'était assoupi après dîner et pendant son sommeil un crapaud sorti des joncs qu'on avait étendus  au sol , venait de lui enfoncer  ses quatre pattes dans la bouche .

    Les autres moines étaient épouvantés : comment faire pour sauver le dormeur sans immédiatement déclencher l'attaque mortelle du batracien ?

     

    "Quelques uns conseillèrent de transporter le moine dans la posture où il était  vers la fenêtre où une grosse araignée avait sa toile .On le fit : bientôt l'araignée, ayant aperçu son ennemi se suspend par un fil , perce de son dard le crapaud et regagne sa toile .Le crapaud enfla  , mais sans lâcher prise . Attaqué de nouveau par l'araignée , il enfla encore mais resta vivant .Frappé une troisième fois , il retira ses pattes et tomba mort . C'est ainsi que l'araignée se montra reconnaissante envers son hôte."

    J'ai trouvé ce récit dans le livre étonnant  de Christophe Recoura "Comment faire taire les grenouilles " (2 000 ans de science  extravagantes et d'animaux curieux ) .

     

    L'araignée et le crapaud .

     


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    Vous connaissez tous l'araignée-crabe , la misumène variable ,  que vous avez vue attendant au soleil sur une fleur , les deux premières paires de pattes avant étendues pour mieux se refermer sur le butineur imprudent qui aura la mauvaise idée de passer par là .

    Elle a la taille d'un pois-chiche alors que le mâle est beaucoup plus petit .

    Elle ne tisse pas de toile mais chasse à l'affût et elle est patiente !

    Elle tisse toutefois des fils pour s'échapper rapidement si elle se sent menacée .

    Et elle est très vigilante : si elle se sent observée elle se cache sur la face inférieure de la fleur ou tourne rapidement autour de la tige .

    Elle a la faculté de prendre la couleur de son support , jaune ou vert pâle et cette transformation très complexe anatomiquement  n'est pas immédiate .

     

     

     

     

    En observant les iris j'en avais vu une en train de déguster une abeille :eh oui , les insectes  bien plus gros qu'elle , cela ne lui fait pas peur !

     

     

    Et bien sûr , je l'ai revue depuis , aux aguets : elle a dû  penser que l'endroit est giboyeux !

    Avec la pluie et le vent , les iris ont fané plus vite : peu importe pour elle , elle trône maintenant sur les fleurs flétries .

     

     

    Et là , j'ai eu la surprise de voir qu'elle partiellement avait changé de couleur et qu'elle présentait une partie mauve , ce que je n'avais encore jamais vu ! J'ai émis l'hyporthèse que  la fleur avait déteint , mais  c'est une partie arrondie de son abdomen qui est en contact avec la fleur  et  cette araignée ne  pèse  pas bien lourd !

     

     

     

     

    Là on aperçoit le fil qu'elle a tissé après avoir été un peu dérangée  , au cas où !

     

    Ce matin , c'était du syrphe qui était au menu .

     


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    Ce sont les mal aimées par excellence avec leurs huit  pattes véloces souvent velues , leurs six à huit petits  yeux énigmatiques

     

     

    La soie d'araignée .

     

     

    Et leur aspect  de monstres extraterrestres en modèle réduit .

     

     

     

    Je me souviens de ma frayeur au lycée lorsque voulant me sécher les mains et que , le petit doigt en l'air ,  je déroulais le grand  torchon en cherchant vainement un endroit utilisable  , je vis apparaître  une grosse  tégénaire qui s'était  agrippée à la face côté mur : je me sentis telle un chat transformé en rince-bouteille par l'adrénaline ! 

    Mais depuis que je les photographie , je me suis familiarisée  avec  ces arthropodes très utiles et peu dangereux , sauf exception . Et j'avoue qu'il y en a qui m'intriguent et m'intéressent...

     

    Epeire à bosse .

     

    Ou même que que je trouve jolies !

     

     

     

     

     

     

     

    5O 000 espèces au monde , c'est prodigieux !

    Beaucoup font des toiles pour capturer leur subsistance  et  pour emballer leurs provisions 

     

     

    La soie d'araignée .

     

     

    La soie d'araignée .

     

    Toutes   tissent leur cocons pour leur progéniture .

     

     

     

     

     

     

    Rien d'étonnant à ce qu'on se soit intéressé à ce savoir faire ultra -perfectionné et comme toujours qu'on ait essayé d'en tirer profit , si baroque que cela puisse paraître .

    Au XVII ème siècle , un Montpelliérain ,  Bon de Saint-Hilaire ,   président de la chambre  des comptes de Montpellier , offrit à Louis XIV une paire de gants en fil d'araignée !

    Réaumur  (1683-1757 ) fut chargé de creuser plus avant cette découverte .dans l'espoir que la soie produite ainsi serait meilleur marché que celle venant des vers à soie .

     

     

    Hélas , nourrir ce cheptel vorace et friand d' une nourriture elle-même à capturer se révéla très difficile , tout autant que leur cohabitation périlleuse car les araignées ne sont pas très sociables et ont tendance à s'entredévorer ! Conclusion : le rapport coût/ profit était si catastrophique qu'il valait mieux abandonner l'idée ! Réaumur  publia une étude où il démontra que pour obtenir 500 g de soie , il fallait 55296 araignées contre 2500 vers à soie !


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    Une chasseresse redoutable .

     

     

    L'épeire fasciée  ou argiope bruennichi est une superbe araignée qui arbore les mêmes couleurs que les frelons , c'est pourquoi on la nomme aussi "argiope frelon ".

     

    Une chasseresse redoutable .

    Face dorsale .

     

     

    Une chasseresse redoutable .

     

    Une chasseresse redoutable .

     

    Face ventrale .

     

    Son corps mesure  jusqu'à 20 mm (pattes comprises , on ne doit pas être loin de 50 mm ) mais le mâle est beaucoup plus petit :5 mm à 8 mm  !

    Elle tisse ses toiles quasi  circulaires sur la végétation basse et elles ont la particularité de posséder une partie renforcée , en forme de zig-zag , le stabilimentum : renfort , trompe l'oeil , zone où les UV se trouvent réfléchis et attirent ainsi les insectes ? , on ne sait pas vraiment . 

     

    Une chasseresse redoutable .

     

    Elle se nourrit d'insectes : de sa toile au milieu de laquelle elle guette , elle fond sur sa proie , la paralyse et l'emmaillotte en un éclair . ses pattes recouvertes de poils  soyeux empêchent toute adhérence à sa toile , elle peut donc être très véloce !

    J'ai pu le constater de visu avec un infortuné criquet qui en quelques secondes à peine s'est trouvé transformé en momie , après quoi elle a repris sa place !

     

    Une chasseresse redoutable .

    Elle ne dévore pas tout de suite sa proie, elle fait des provisions .

    Et pour les curieux , je signale que le mâle doit être très prudent pendant l'accouplement s'il ne veut pas se faire dévorer : il y perd d'ailleurs son appareil copulatoire , ce qui fait que sa partenaire ne sera pas fécondée par d'autres que lui , et cela lui permet de fuir plus vite !

    L'épeire fascée ne vit qu'une saison .

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

        

     


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    Le petit monde de l'herbe est fascinant .

    Cette petite araignée qui chasse  sur les fleurs est parfois  désignée du nom de celui dont on vient de commémorer le 5 mai de cette année  le bicentenaire de la mort : Thomise Napoléon , tel est son nom vernaculaire .

    Cette thomise globuleuse (synema globosum ) porte sur l'abdomen un motif qui rappelle tout à fait la silhouette du buste de Napoléon .

    Elle capture ses proies , parfois bien plus grosses qu'elle , avec ses longues pattes antérieures .

    Monsieur mesure 4mm , Madame 6,8 à 8 mm .

     

     

     


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    Cette histoire est racontée par Erasme dans ses Colloques  (Manuel de conversation latine qui traite de nombreux sujets pour familiariser les écoliers avec la  latin et dont il y eut plusieurs éditions à succès de 1518 à 1533 ).

     

    La scène  se passe en Angleterre où on avait coutume de répandre des joncs séchés sur le sol .

    Un moine en avait fait un tas dans sa chambre en attendant de les étaler .

    Alors qu'il faisait la sieste , il fut réveillé par un crapaud  sorti de ces joncs  qui  s'était installé sans vergogne sur son visage et , horreur , avait rivé  ses pattes dans sa bouche .

    Que faire pour l'en délivrer alors qu'on était persuadé que le seul fait de toucher le dos d'un crapaud vous faisait tomber instantanément raide mort ?

    Heureusement , on savait aussi pertinemment que les araignées haïssaient  les crapauds .

    Et les moines étaient savants , comme chacun sait !

    Ils décidèrent donc de transporter l'infortuné très mal en point  dans l'embrasure de la fenêtre , où une araignée était aux aguets dans la belle grosse toile qu'elle avait tissée . Quand elle aperçut  le crapaud , vision insupportable , elle descendit vite fait sur un fil et le piqua profondément .

    Le crapaud enfla mais ne lâcha pas prise ! Il fallut que la velue s'y reprenne à trois fois pour qu'il tombât mort !

    "C'est ainsi que l'araignée se montra reconnaissante envers son hôte" !

    Et je rajoute : si vous n'avez pas trop peur des araignées , gardez-en quelques unes ...on ne sait jamais !!!

    Voici quelques unes de ces braves petites bêtes qui dormaient , elles , dans mon disque dur . !

     

     

     

     

     

     

     

     

    L'araignée et le crapaud .

    "Oups ! Maintenant je vais faire gaffe !"

     

    Si vous aimez ce genre d'histoires , peut-être connaissez-vous le livre de Christophe Recoura , paru en 2007 aux éditions Fyp :

    Comment faire taire les grenouilles ? (Deux mille ans de science extravagante et d'animaux curieux .) C'est en le lisant que j'ai eu l'idée de cet article -et il est merveilleusement illustré  de dessins et de gravures d'époque .!


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