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Par pulsatilla le 8 Janvier 2024 à 13:00
L'esprit scientifique est le fruit d'une conquête laborieuse . Si l'être humain a toujours été curieux de ce qu'il pouvait observer , sa tendance était d'en donner des explications divines ou diaboliques .Observer avec rigueur et sans a priori , émettre des hypothèses , les vérifier par des expériences aux protocoles sérieux , cela n'allait pas de soi .
On a conservé des écrits d'érudits des siècles passés qui décoiffent .
Voici par exemple une anecdote à propos d'une haine qu'aurait l'araignée pour le serpent et le crapaud , rapportée par lErasme , le très sérieux auteur de L'Eloge de la Folie , dans ses Colloques en 1527.
De notoriété publique à l'époque, le crapaud sécrète un venin mortel et l'araignée attaque le crapaud , qu'elle déteste .
Un jour , un moine s'était assoupi après dîner et pendant son sommeil un crapaud sorti des joncs qu'on avait étendus au sol , venait de lui enfoncer ses quatre pattes dans la bouche .
Les autres moines étaient épouvantés : comment faire pour sauver le dormeur sans immédiatement déclencher l'attaque mortelle du batracien ?
"Quelques uns conseillèrent de transporter le moine dans la posture où il était vers la fenêtre où une grosse araignée avait sa toile .On le fit : bientôt l'araignée, ayant aperçu son ennemi se suspend par un fil , perce de son dard le crapaud et regagne sa toile .Le crapaud enfla , mais sans lâcher prise . Attaqué de nouveau par l'araignée , il enfla encore mais resta vivant .Frappé une troisième fois , il retira ses pattes et tomba mort . C'est ainsi que l'araignée se montra reconnaissante envers son hôte."
J'ai trouvé ce récit dans le livre étonnant de Christophe Recoura "Comment faire taire les grenouilles " (2 000 ans de science extravagantes et d'animaux curieux ) .
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Par pulsatilla le 19 Mai 2023 à 11:06
Vous connaissez tous l'araignée-crabe , la misumène variable , que vous avez vue attendant au soleil sur une fleur , les deux premières paires de pattes avant étendues pour mieux se refermer sur le butineur imprudent qui aura la mauvaise idée de passer par là .
Elle a la taille d'un pois-chiche alors que le mâle est beaucoup plus petit .
Elle ne tisse pas de toile mais chasse à l'affût et elle est patiente !
Elle tisse toutefois des fils pour s'échapper rapidement si elle se sent menacée .
Et elle est très vigilante : si elle se sent observée elle se cache sur la face inférieure de la fleur ou tourne rapidement autour de la tige .
Elle a la faculté de prendre la couleur de son support , jaune ou vert pâle et cette transformation très complexe anatomiquement n'est pas immédiate .
En observant les iris j'en avais vu une en train de déguster une abeille :eh oui , les insectes bien plus gros qu'elle , cela ne lui fait pas peur !
Et bien sûr , je l'ai revue depuis , aux aguets : elle a dû penser que l'endroit est giboyeux !
Avec la pluie et le vent , les iris ont fané plus vite : peu importe pour elle , elle trône maintenant sur les fleurs flétries .
Et là , j'ai eu la surprise de voir qu'elle partiellement avait changé de couleur et qu'elle présentait une partie mauve , ce que je n'avais encore jamais vu ! J'ai émis l'hyporthèse que la fleur avait déteint , mais c'est une partie arrondie de son abdomen qui est en contact avec la fleur et cette araignée ne pèse pas bien lourd !
Là on aperçoit le fil qu'elle a tissé après avoir été un peu dérangée , au cas où !
Ce matin , c'était du syrphe qui était au menu .
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Par pulsatilla le 27 Février 2023 à 11:49
Ce sont les mal aimées par excellence avec leurs huit pattes véloces souvent velues , leurs six à huit petits yeux énigmatiques
Et leur aspect de monstres extraterrestres en modèle réduit .
Je me souviens de ma frayeur au lycée lorsque voulant me sécher les mains et que , le petit doigt en l'air , je déroulais le grand torchon en cherchant vainement un endroit utilisable , je vis apparaître une grosse tégénaire qui s'était agrippée à la face côté mur : je me sentis telle un chat transformé en rince-bouteille par l'adrénaline !
Mais depuis que je les photographie , je me suis familiarisée avec ces arthropodes très utiles et peu dangereux , sauf exception . Et j'avoue qu'il y en a qui m'intriguent et m'intéressent...
Epeire à bosse .
Ou même que que je trouve jolies !
5O 000 espèces au monde , c'est prodigieux !
Beaucoup font des toiles pour capturer leur subsistance et pour emballer leurs provisions
Toutes tissent leur cocons pour leur progéniture .
Rien d'étonnant à ce qu'on se soit intéressé à ce savoir faire ultra -perfectionné et comme toujours qu'on ait essayé d'en tirer profit , si baroque que cela puisse paraître .
Au XVII ème siècle , un Montpelliérain , Bon de Saint-Hilaire , président de la chambre des comptes de Montpellier , offrit à Louis XIV une paire de gants en fil d'araignée !
Réaumur (1683-1757 ) fut chargé de creuser plus avant cette découverte .dans l'espoir que la soie produite ainsi serait meilleur marché que celle venant des vers à soie .
Hélas , nourrir ce cheptel vorace et friand d' une nourriture elle-même à capturer se révéla très difficile , tout autant que leur cohabitation périlleuse car les araignées ne sont pas très sociables et ont tendance à s'entredévorer ! Conclusion : le rapport coût/ profit était si catastrophique qu'il valait mieux abandonner l'idée ! Réaumur publia une étude où il démontra que pour obtenir 500 g de soie , il fallait 55296 araignées contre 2500 vers à soie !
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Par pulsatilla le 9 Août 2021 à 11:35
L'épeire fasciée ou argiope bruennichi est une superbe araignée qui arbore les mêmes couleurs que les frelons , c'est pourquoi on la nomme aussi "argiope frelon ".
Face dorsale .
Face ventrale .
Son corps mesure jusqu'à 20 mm (pattes comprises , on ne doit pas être loin de 50 mm ) mais le mâle est beaucoup plus petit :5 mm à 8 mm !
Elle tisse ses toiles quasi circulaires sur la végétation basse et elles ont la particularité de posséder une partie renforcée , en forme de zig-zag , le stabilimentum : renfort , trompe l'oeil , zone où les UV se trouvent réfléchis et attirent ainsi les insectes ? , on ne sait pas vraiment .
Elle se nourrit d'insectes : de sa toile au milieu de laquelle elle guette , elle fond sur sa proie , la paralyse et l'emmaillotte en un éclair . ses pattes recouvertes de poils soyeux empêchent toute adhérence à sa toile , elle peut donc être très véloce !
J'ai pu le constater de visu avec un infortuné criquet qui en quelques secondes à peine s'est trouvé transformé en momie , après quoi elle a repris sa place !
Elle ne dévore pas tout de suite sa proie, elle fait des provisions .
Et pour les curieux , je signale que le mâle doit être très prudent pendant l'accouplement s'il ne veut pas se faire dévorer : il y perd d'ailleurs son appareil copulatoire , ce qui fait que sa partenaire ne sera pas fécondée par d'autres que lui , et cela lui permet de fuir plus vite !
L'épeire fascée ne vit qu'une saison .
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Par pulsatilla le 10 Juin 2021 à 07:00
Le petit monde de l'herbe est fascinant .
Cette petite araignée qui chasse sur les fleurs est parfois désignée du nom de celui dont on vient de commémorer le 5 mai de cette année le bicentenaire de la mort : Thomise Napoléon , tel est son nom vernaculaire .
Cette thomise globuleuse (synema globosum ) porte sur l'abdomen un motif qui rappelle tout à fait la silhouette du buste de Napoléon .
Elle capture ses proies , parfois bien plus grosses qu'elle , avec ses longues pattes antérieures .
Monsieur mesure 4mm , Madame 6,8 à 8 mm .
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Par pulsatilla le 13 Janvier 2021 à 11:59
Cette histoire est racontée par Erasme dans ses Colloques (Manuel de conversation latine qui traite de nombreux sujets pour familiariser les écoliers avec la latin et dont il y eut plusieurs éditions à succès de 1518 à 1533 ).
La scène se passe en Angleterre où on avait coutume de répandre des joncs séchés sur le sol .
Un moine en avait fait un tas dans sa chambre en attendant de les étaler .
Alors qu'il faisait la sieste , il fut réveillé par un crapaud sorti de ces joncs qui s'était installé sans vergogne sur son visage et , horreur , avait rivé ses pattes dans sa bouche .
Que faire pour l'en délivrer alors qu'on était persuadé que le seul fait de toucher le dos d'un crapaud vous faisait tomber instantanément raide mort ?
Heureusement , on savait aussi pertinemment que les araignées haïssaient les crapauds .
Et les moines étaient savants , comme chacun sait !
Ils décidèrent donc de transporter l'infortuné très mal en point dans l'embrasure de la fenêtre , où une araignée était aux aguets dans la belle grosse toile qu'elle avait tissée . Quand elle aperçut le crapaud , vision insupportable , elle descendit vite fait sur un fil et le piqua profondément .
Le crapaud enfla mais ne lâcha pas prise ! Il fallut que la velue s'y reprenne à trois fois pour qu'il tombât mort !
"C'est ainsi que l'araignée se montra reconnaissante envers son hôte" !
Et je rajoute : si vous n'avez pas trop peur des araignées , gardez-en quelques unes ...on ne sait jamais !!!
Voici quelques unes de ces braves petites bêtes qui dormaient , elles , dans mon disque dur . !
"Oups ! Maintenant je vais faire gaffe !"
Si vous aimez ce genre d'histoires , peut-être connaissez-vous le livre de Christophe Recoura , paru en 2007 aux éditions Fyp :
Comment faire taire les grenouilles ? (Deux mille ans de science extravagante et d'animaux curieux .) C'est en le lisant que j'ai eu l'idée de cet article -et il est merveilleusement illustré de dessins et de gravures d'époque .!
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