Vie professionnelle en ville , vie  privée à la campagne .  

C'est ce que nous avions choisi .

Au pied d'un petit village vigneron  typique .

Et nous voulions autour de nous la vraie campagne , sa flore , sa faune , ses arbres , son silence habité de chants d'oiseaux  .

Créer notre univers mais surtout qu'il se fonde dans la nature ,  qu'il soit adopté par la faune locale .

Alors nous avons retroussé nos manches , planté des feuillus , des conifères , des arbres fruitiers , des haies vives . Nous avons créé un potager , semé  ...Tout cela sur un sol argilo-calcaire , donc ingrat .

Tous les week-ends  y ont passé pendant une longue période !

Nous ne concevions pas ce petit univers  sans un bassin , alors nous avons creusé quelque chose qui ressemblerait à une mare  : un travail de Romain ! Avec une bâche au fond , dont les contours furent masqués par des pierres moussues . Y cohabitèrent quelques poissons rouges et quelque petits poissons blancs qu'on  nous avait donnés en provenance de l 'Allier . Ils s'y plurent tellement qu'ils s'y reproduisirent et que nous fumes obligés d'en donner . C'est ainsi que certains se sont retrouvés châtelains ...

La consécration de tout ce travail vint quand  on vit des écureuils dans les arbres 

des hérissons gourmands  dans les allées du potager , des crapauds sous les pierres ,  qu'on entendit les pics-verts taper sur les troncs 

  qu'on vit les oiseaux  se baigner

et des lézards verts se prélasser dans la petite friche au fond du jardin .

Des grenouilles trouvèrent même le bassin à leur goût .

Le temps a passé .

Le village a plus que doublé de volume .

 Sécheresse et  canicule ont pris peu à peu possession des étés , beaucoup d' arbres n'ont pas résisté  , la faune s'est  appauvrie puis raréfiée .

Le potager n'est plus : les carottes bifides , les radis qui vous arrachent la bouche , les salades flapies , les herbes aromatiques fumées par les chats ,  l'arrosage problématique en ont eu raison .

Les chenilles processionnaires nous ont pourri tous les printemps ...

Et pour ce qui est du bassin , il est devenu trop difficile à entretenir , il a fallu le cimenter , l'aérer avec des petits jets d'eau ...A l'opposé de ce que nous voulions au départ .

 Du temps a passé encore puis les poissons ont été dévorés les uns après les autres au petit jour , sans doute par les chats devenus nombreux dans le quartier . Il a fallu se résoudre à tout supprimer et reboucher le trou .

Les poissons rescapés émigrèrent dans des aquariums . Ils se mirent à grossir à vue d'oeil comme beaucoup de personnes qui s'ennuient ! Je ne pouvais pas supporter de les voir prisonniers  tourner en rond autour d' amphores  ridicules et de plantes rapidement glauques...

  Ils finissent désormais leurs jours dans une propriété du Livradois qui possède un étang : tout est bien qui finit bien !

Ce sont des clichés pris de très loin : si j'avais approché , ils seraient allés se cacher !

Après ma petite enquête , il est sûr que les chatons tombés dans mon vide sanitaire viennent d'une des haies de mes voisins . Ils y sont nés clandestinement d'une chatte toute jeune vraisemblablement née là aussi avec deux autres . Ce doit être sa première portée et il y a sans doute consanguinité . Ils sont quatre , les deux que je connais , un tout gris et un tigré .

Mes voisins sont très âgés et ne descendent plus dans cet endroit reculé de leur jardin . C'est leur petite - fille en séjour chez eux pour les vacances qui a constaté la présence de tous ces chats . Elle essaie de les apprivoiser avec de la nourriture de manière à ce qu'elle puisse les approcher et les confier à la SPA . En attendant , ils coulent des jours heureux avec leur mère , grâce à ce bel été .

J'en aurais bien adopté deux mais je ne peux pas  à cause de ma Minette  , de ses plaies qu'elle s'écorche sans arrêt et de son caractère exclusif : si je m'occupe d'une simple plante , elle est jalouse et vient se coucher dessus . Alors des chatons ! C'est sans doute parce qu'elle a connu l'abandon pendant trois ans ...

Un partie de la maison que j'habite repose sur un vide sanitaire où on ne peut même pas ramper et   qui débouche à l'extérieur sur une excavation d'un mètre cube fermée par une grille pour l'aération . Un des barreaux s'est descellé , ce qui ménage un écart de 15 cm  que j'ai masqué  aux deux tiers par des pots de fleurs en attendant la réparation .

Quelle ne fut pas ma surprise avant-hier soir d'y  voir deux minuscules chatons que j'ai crus tombés au fond du trou par étourderie . Je leur donne à peine deux mois d'âge .

Bien sûr , à chacune de mes tentatives d'approche , ils couraient se cacher dans l'obscurité du  vide sanitaire .J'ai enlevé la grille et disposé un tabouret paillé dans le trou puis  j'y ai mis une écuelle avec de la pâtée de ma Minette . L'odeur appétissante leur a donné un peu de hardiesse et ils ont fini par se hisser à grand peine jusqu'à l'écuelle où ils ont tout mangé en tremblant de la tête à la queue .Après quoi ils se sont sauvés à nouveau dans la pénombre. J'ai vu qu'il y avait déjà  un dominant et un dominé .Le dominant a presque tout dévoré et une fois dans le vide sanitaire il a entrepris de " téter"  longuement son petit compagnon qui s'est laissé faire  .J'en déduis qu'ils sont à peine sevrés .

En voici un , tout barbouillé de nourriture :

Et voici le chef :

Hier matin , il n'y avait plus de chatons .Disparus .Et puis le soir , ils étaient là à nouveau et ils se sont encore  régalés , affamés . Ils étaient un peu plus hardis et avaient moins de mal à se hisser .Cette fois , ils étaient là volontairement !

Autour de chez moi , les maisons ont toutes un jardin entouré de haies vives et , si j'ai bien compris , quelques unes  de ces haies abritent à l'année  des chats errants . La voisine m'a dit que chez elle  il y en avait trois dont une chatte avec  des petits mais elle  n'en sait pas plus ; elle a déjà eux chats  et elle  donne   des croquettes  aux squatters mais ils restent sauvages  et elle envisage de contacter la SPA .

Ces chatons viennent-ils de là , et qu'est-ce qui leur a pris de faire un long trajet pour leurs petites pattes  pour venir échouer dans ce trou ?

Ce soir , ils ne sont pas là .

Le problème s'ils reviennent , c'est que ma vieille Minette est  exclusive et qu'elle a perdu un peu ( beaucoup ) la tête depuis son attaque d'août dernier . Sans avoir de parasites , elle se mord , s'arrache les poils et se fait des plaies - et on ne peut pas mettre de collerette à un chat .Tout cela fait d'elle un animal infréquentable pour d'autres chats ! Il faut donc éviter la rencontre pour tout le monde  !

Chacun mène sa petite vie et dès qu'il y a un rayon de soleil , il y a toujours quelque chose à voir .

Certains travaillent avec abnégation ...

D'autres se la coulent douce , dans le creux d'une vieille souche ...

Certains  se livrent à des rapines et laissent tomber leur butin :  bien mal acquis ne profite jamais , disent les optimistes ...

Il y en a qui  font ripaille ...

D'autres voudraient bien ...

On s'entre-tue aussi par-ci par là ...

On tisse avec beaucoup d'habileté 

On fait sa toilette  

On s'introduit sans vergogne sur la territoire qui n'est pas le sien ...mais on n'a pas la conscience tranquille !

Mais , que voulez-vous , ailleurs les mulots sont meilleurs !

La maîtresse des lieux  ne les a pas vus : heureusement , car avec ses dix-huit printemps , elle ne supporte plus beaucoup la course-poursuite !

Réveillée  tôt , j'aime écouter le souffle du vent à la cime des grand conifères et essayer de deviner l'humeur du jour .

Ce matin tout était silencieux : pas encore de signe de la perturbation annoncée ...

Mais le ciel était chargée de gros nuages noirs  :est-ce le début du déclin de cet été brûlant ?

Une promenade hier m'a montré que dans les vergers on cueillait déjà les pommes ...

Septembre  arrive , le mois de la plénitude , le mois des fruits ...

Des jardins aperçus derrière de vieux murs de pierre m'ont  offert ont une délicieuse odeur de fruits mûrs ...

Chez moi , plus d'arbres fruitiers , plus de potager non plus du reste : plusieurs étés de sécheresse leur ont été fatals .

Il est loin le jardin de mon enfance avec ses poiriers dont les branches ployaient sous les fruits !

En face de chez moi habitait un vieux garçon , un original , ascète ou nécessiteux , on ne savait .Il lisait des après-midis entiers à sa fenêtre , et je voyais la tache grise de sa longue barbe derrière la vitre douteuse  .A mon père qui lui apportait des poires , il avait un jour demandé avec une politesse exquise  s'il pouvait venir ramasser celles qui étaient tombées , les meilleures disait-il ...

Chez moi  donc , pas de fruits mais des baies de pyracanthas à profusion :les oiseaux s'en régaleront le moment venu et me récompenseront joyeusement en décorant mon portail à leur façon .

Aux pyracanthas se mêlent quelques ronces -qui se ressemble s'assemble - chargées de mûres ...

Pas un insecte sur ces baies ...

Ni sur l'hibiscus qui fait pourtant ce qu'il faut pour les attirer .

Il n'y en a pas eu non plus sur le buddleia .Ce n'est que maintenant qu'il est fané et tout  roussi qu'un papillon a bien  voulu s'arrêter quelque temps .Il portait beau bien que les aléas de sa petite vie n'aient pas épargné ses ailes .

La vie s'est concentrée à la cime des conifères .

Les sycomores se sont éventés tout l'été  avec leurs pampilles .

Pendant  toutes ces journées de canicule , les oiseaux sont restés cois .

Devant la terrasse une tourterelle turque s'aérait comme elle pouvait en écartant ses plumes .

Un gros ramier a pris le parti de s'offrir de longs , longs bains de siège dans le bar à oiseaux . Après , ébrouage soigneux !

Si bien qu'un jour  la mésange qui attendait son tour fut stupéfaite  de voir qu'elle n'avait plus beaucoup d'eau à se mette sous le bec !

Plus de nouvelles des rougequeues .Ils ont disparu après qu'un voyou de prédateur ait  fait  main basse sur leur  couvée qui devait attendre encore à peu près une semaine avant d'être assez forte pour  s'envoler .Les parents désemparés ont appelé pendant toute une matinée .

Il reste le nid , petit chef-d'oeuvre édifié sur une paire de gants de jardin , que je n'ai pas encore eu le coeur de jeter .

Passez une bonne fin de semaine , mouillée , mais nous en avions tous besoin !

Au sommet du cèdre , un pigeon ramier gonfle son cou :il déclare à tous les échos sa flamme à sa belle ...

Il écoute la réponse... Elle  vient , roucoulée un ton plus bas ,  d'un arbre voisin ...Et cela dure un moment , jusqu'à ce que la belle se lasse !

Un individu en formation est en train de se faire dévorer vivant par des fourmis agressives ...

Un insecte a pondu ses oeufs méticuleusement sur une tige du fuchsia...

Une petite araignée propre sur elle dans sa robe verte  attend au soleil qu'un étourdi vienne se prendre dans ses fils...

Un bourdon curieux vient goûter au pollen du fuchsia , mais ne sera pas emballé !

Eclosion ou forfait d'un prédateur  Plutôt la deuxième solution au vu du liquide répandu...

Un tout petit papillon somnole dans la fraîcheur du feuillage ...

L'iris foetidissima hésite à s'ouvrir...

Il sait que sa beauté se fanera en à peine une journée !

Les clytres s'occupent vaillamment à la préservation de l'espèce...

Le magnolia , gringalet mais résistant, n'a pas donné de fleurs depuis des années...mais pour 2020 , il a décidé de faire un effort et il a produit deux boutons :un tout en haut de sa maigre silhouette  , et l'autre très accessible : je l'ai surveillé , prête à saisir son éclosion ...

Et voilà voilà ...

Sous son baldaquin fleuri , Minette pense -et c'est bien fatigant !