• Le tableau du samedi :les métiers disparus .

     

    Le tableau du samedi :les métiers disparus .

    En souvenir de Lady Marianne .

     

    Le thème de ce samedi étant les métiers disparus ...ou presque , j'ai choisi la nourrice .

     

    Le tableau du samedi :les métiers disparus .

    Etienne Aubry  (1745-781 ) : La visite à la nourrice .

     

    Sur ce tableau , on voit les parents de la nourrice sobrement vêtus , debout , en retrait , un peu tristes ,  et un père et une mère très élégants , guindés : ils  se penchent vers l'enfant qui semble sur la réserve  , sans doute un peu effrayé par ces êtres qui ne lui sont pas familiers , et qui regarde avec de grands yeux ce petit frère à qui on a sans doute demandé de l'embrasser .

     

    De nos jours , les mères qui travaillent peuvent confier leur nourrisson à des femmes formées pour cela , et pour celles qui ne peuvent ou ne souhaitent pas allaiter , il existe des substituts au lait maternel minutieusement étudiés avant d'être mis sur le marché et dont la fabrication est sûre .Et il y a le précieux pédiatre , au moindre souci .

    Au Siècle des Lumières , l'art d'élever ses enfants a fait l'objet de beaucoup de discussions passionnées .

    La question de l'allaitement , notamment .

    L'allaitement maternel avait de farouches partisans , et cela depuis toujours : les philosophes de l'Antiquité  , les Pères de l'Eglise , les moralistes , les médecins , et tous ceux qui étaient conscients de l'importance de la natalité pour un pays  en étaient résolument partisans . Le lait maternel était considéré comme le prolongement naturel de la nourriture reçue du sang de la mère dans la matrice .Ce lait appartenait à l'enfant et la nature avait donné à la femme des mamelles dans ce but . En priver l'enfant serait l'exposer à une foule de désordres  -et la mère aussi , engorgée par ce lait refoulé . D'ailleurs , une mère qui n'allaiterait pas son enfant  n'arriverait même pas à la cheville d'une lionne , animal cruel qui pourtant nourrit tendrement ses petits .

     Pourtant , l'allaitement maternel avait ses détracteurs.

    Certaines femmes , après les fatigues de la grossesse et de l'accouchement , n'avaient pas la santé nécessaire pour allaiter et fournir un lait de qualité .

    En outre , certains modes de vie n'étaient pas compatibles avec l'allaitement : les épouses de commerçants et d'artisans devaient seconder leurs maris à la boutique , celles de la grande bourgeoisie et de la noblesse étaient tenues à beaucoup trop d'obligations mondaines pour pouvoir envisager d'allaiter .

    Et autre grief non négligeable , les médecins recommandaient aux couples dont la femme allaitait de pratiquer l'abstinence !

    Donc certaines femmes recouraient à des nourrices mercenaires : parfois elles en embauchaient et les logeaient à domicile mais le plus souvent , il s'agissait de jeunes femmes vivant à la campagne ."La nourrice doit avoir un peu d'embonpoint , être d'une taille moyenne , brune , le teint un peu coloré, ,les dents saines et les gencives roses , le sein volumineux , marbré de veines apparentes , le mamelon bien formé .Elle doit avoir la bouche garnie , l'haleine douce ."

    On voulait éviter au maximum que la nourrice transmette à l'enfant , par l'intermédiaire du lait , des vices de toutes natures , physiques et moraux .

    Mais au sevrage , vers l'âge de 20 mois , il fallait arracher l'enfant à l'affection de  la nourrice et les moralistes de déplorer qu'on lui enseigne ainsi -et si tôt- l'ingratitude .

     

    Le tableau du samedi :les métiers disparus .

    Etienne Aubry : Les adieux à la nourrice .

     

    Et pour finir ,  voici deux tableaux de Fragonard ( 1732-1806 ) : je vous laisse le soin de les comparer .

     

    Le tableau du samedi :les métiers disparus .

     

     

    Le tableau du samedi :les métiers disparus .

    Avec le premier tableau , nous sommes bien chez la nourrice au sens ou on l'entend d'ordinaire .

    Pour ce qui est du second , observez bien . La " nourrice " est debout , c'est la nuit , il y a une lanterne à la fenêtre , et des symboles comme le chat  et la quenouille .L'homme est à genoux .Visiblement , c'est à la " nourrice " qu'il rend visite , plus qu'à l'enfant !

     

    « La gouline .Flagrant délit . »

  • Commentaires

    1
    Samedi 6 Mars 2021 à 10:06
    Bonjour Sophie waouh magnifiques ces tableaux et détails je découvre et aime gros bisous beau week-end a+
    2
    Samedi 6 Mars 2021 à 10:12
    Lilou

    C'était aussi un temps où on ne s'attachait pas vraiment aux enfants. Dans la grande et Haute Société l'enfant était encombrant, parfois illégitime ! alors l'affection était un sentiment inconnu autant du coté nourrice que du coté parent. Et puis un enfant n'était pas une personne. 

    Cependant il devait bien y avoir des enfants heureux. Je l'espère ... 

    Beau métier que tu as choisi

    avec le sourire

    3
    Samedi 6 Mars 2021 à 10:56

    trés émouvants ces tableaux 

     c'était un métier tréz ingrat  car les nourices laissaient souvent  leurs propres enfants   

    pour  élever ceux des  riches bourgeois 

     de trés belles trouvailles 

     bises  Sohie 

     bonne journée 

    4
    Samedi 6 Mars 2021 à 15:29

    Tiens tiens, je les avais oubliées les nourrices et pourtant. Quelle vie pour ces femmes en effet, et ces enfants élevés loin de leur mère, c'est vrai que les croyances ont tellement varié au cours des siècles. Les tableaux de Fragonard sont très étranges, et on pourrait avoir des doutes sur qui est qui. J'y avais vu les deux parents à droite et la nourrice à gauche sur le premier tableau, impossible de croire ça sur le second. Étrange, étrange... Et en même temps comment concevoir qu'un père, à l'époque, puisse se faire du souci pour un enfant, au point de se déplacer la nuit ?  De très beaux choix et merci pour tous les renseignements sur une époque qui nous est si éloignée, pas seulement dans le temps.

    5
    Samedi 6 Mars 2021 à 15:34

    Si ces femmes ont dû avec le temps chercher d'autres moyens de subsistance, au moins les enfants n'ont plus à subi ce double deuil,

    Quitter sa mère, puis quitter sa nourrice avec ce sentiment de double abandon.

    Merci de nous avoir montrer toute l'ambiguïté de la situation.

    Bonne journée Sophie

    6
    Samedi 6 Mars 2021 à 17:00

    Un excellent choix avec ce thème de la nourrice . On se demande comment ces femmes arrivaient à se remettre de du départ de l'enfant qui leur était confié , l'allaitement devant quand même créer des liens affectifs forts . Quant aux enfants je ne sais pas s'ils en gardaient des blessures dans l'inconscient mais comme dit Lilou leur avis n'importait pas à cette époque .

    Bon week - end 

    7
    Samedi 6 Mars 2021 à 18:03

    C'est excellent d'avoir choisi ce thème de la nourrice...

    C'est beau et bien expliqué. J'ai apprécié.

    Bises Sophie

    8
    Samedi 6 Mars 2021 à 23:12

    Bonjour Sophie.

     Quelle recherche pour nous offrir ce billet et la "re"découverte de ce petit métier qui a bien changé aujourd'hui mais qui se perpétue. 

     Bises

    9
    Dimanche 7 Mars 2021 à 08:06

    Beaucoup enfants étaient placés en nourrisse à la campagne. Quel déchirement pour enfant et la nourrice quand les parents revenaient le chercher ..

     Un très bon choix bien expliqué....Bon dimanche  bise.

    10
    Dimanche 7 Mars 2021 à 11:17

    Un métier oublié .... par moi aussi dans mon blog spécialisé

    Bon dimanche  Sophie

    11
    Dimanche 7 Mars 2021 à 13:51

    Bonjour Sophie,

    C'est une chose dont on ne parle plus et pourtant ce n'était pas si lointain.

    Je sais que mon arrière grand-mère qui tenait un hôtel ne pouvait pas s'occuper de son fils (mon grand-père) Il avait été confié à une nourrice qui s'occupait déjà d'un bébé. Les deux petits garçons étaient donc nourris par la même femme et on disait qu'ils étaient "frères de lait" Les deux enfants même grands ont continué à se voir. Les années sont passées et chacun a fait sa vie. Aujourd'hui les 2 hommes sont morts. Le plus troublant c'est qu'au cimetière les tombes sont l'une à côté de l'autre. 

    Un très bon choix que ces tableaux. Merci pour tes explications.

    12
    Dimanche 7 Mars 2021 à 14:33

    Bonjour Sophie merci de nous offrir ces merveilleuses photos de ce métier qu'on a oublié et très jolie explication c'est un magnifique partage merci bon dimanche bisou Claudine Daniel

    13
    Dimanche 7 Mars 2021 à 18:33

    Bravo, joli choix de tableaux. J'aime beaucoup ton commentaire sur le dernier.

    Bises

    14
    Samedi 13 Mars 2021 à 09:58

    Bonjour Sophie.

    Je me souviens de ma nourrice.

    Elle avait eu un garçon en même temps que ma mère. Elles étaient voisines et amies.

    Je l'appelai Tata Rivet.

    Plus tard, son fils Gérard, un vrai garnement, me pinçait le nez avec des pinces à linges

    Il déposait aussi des punaises sur ma chaise avant que je ne m'assoie. Sale gosse!

    Moi j'étais sage comme une image...

     

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